posté le : 2023.02.13

La Nouvelle République

Thouars : « On a de plus en plus besoin des clowns »
Publié le 11/02/2023 à 14:01 | Mis à jour le 11/02/2023 à 22:34

François Pilon (à gauche) et Olivier Ledauphin, alias Vulcano et M. Olive, entourent le metteur en scène Jean-Christian Guibert, lui aussi clown interprète.
© (Photo Rebecca Bachelet)

La compagnie Inex, spécialisée notamment dans l’art du clown, a élu domicile en Thouarsais en 2021. Sur scène, elle défend l’importance du rêve et du rire. Elle présentait pour la première fois un spectacle à Thouars, vendredi 10 février 2023.
 
Lorsqu’on lui demande si le monde actuel, secoué de crises et de guerres, n’aurait pas davantage besoin des clowns, François Pilon sourit : « Je suis tout à fait d’accord. Gardez-le, ça ferait un bon titre ! » Ce qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd…
Avec Catherine Dubois, il codirige la compagnie Inex, qu’ils ont décidé d’installer définitivement en Thouarsais il y a deux ans : « Nous étions basés auparavant en Seine-Saint-Denis. Puis la sœur de notre chargée de production, Nadine Descousis, a racheté le moulin d’Uzu, à Saint-Martin-de-Sanzay. Nous avons alors découvert la région et décidé de franchir le pas à notre tour… »
« Le clown parle de la difficulté d’être humain dans ce monde »
Basée à Saint-Martin-de-Sanzay, la compagnie dispose d’un lieu de vie et de répétition à Taizon (Loretz-d’Argenton), aménagé dans une ancienne menuiserie. L’appellation Inex a été choisie pour « dedans et dehors », mais c’est aussi le diminutif et la suite logique d’In extremis et In extenso, les deux premiers noms de la troupe.
Avec elle, le paysage culturel thouarsais s’est enrichi de deux spécialités rares, « les deux couleurs de notre compagnie à deux têtes » : l’art du clown et le théâtre gestuel. Pour ce dernier, aussi appelé théâtre de mouvement, Inex est en train de créer Le bal des filles, spectacle pour neuf femmes comédiennes qui verra le jour en 2024.
Mais cette semaine, au théâtre de Thouars, ce sont les clowns qui étaient à l’honneur. Vendredi 10 février, Inex a en effet joué pour la première fois devant le public son tout nouveau spectacle, Le monde d’après nous. Les premières représentations officielles sont prévues en mars en région parisienne.
Sur scène, François Pilon et Olivier Ledauphin, alias Vulcano et M. Olive, défendent l’importance du rire et du rêve : « Pour cette création, l’inspiration est née entre deux confinements. Nous avions demandé aux spectateurs d’écrire leurs rêves. La plupart étaient tout petits et même un peu tristes, du style ne plus porter de masques… On a voulu faire un voyage dans la capacité à se remettre à rêver ».
Avec Jean-Christian Guibert, lui aussi artiste clown mais ici chargé de la mise en scène, l’ambition est de « faire des spectacles pour tous publics en parlant de la vie d’aujourd’hui. L’idée est d’apporter du bien-être mais aussi de la réflexion ».
« Le clown, c’est celui qui ose être ridicule »
Pour y parvenir, le trio, qui fait partie des 200 clowns professionnels exerçant en France, mise notamment sur sa complicité. « On se connaît de longue date, il y a une solide amitié personnelle et professionnelle entre nous trois, explique François Pilon. Chacun a vécu plein d’expériences sur scène, on a aussi tous été clowns à l’hôpital… En fait, on met 20 ans de travail sur le plateau. »
Olivier Ledauphin acquiesce : « Un jour, un grand formateur m’a dit : sur scène, il faut vraiment avoir l’air con, car le public attend ça ! Les gens doivent repartir en se disant qu’il peut y avoir pire qu’eux… »
« Le clown, c’est celui qui rate, qui ose être ridicule, qui se trompe et échoue avant de réussir », ajoute son compère Vulcano.
« C’est un personnage d’humanité qui émane de nous tous et auquel chacun peut s’identifier, conclut Jean-Christian Guibert. Le clown parle de la difficulté d’être humain dans ce monde. » Et c’est aussi pour ça qu’on en a tant besoin.

Frédéric Michel